Ce billet a d’abord été publié sur le site lalibre.be.
Les dernières statistiques de référence en matière de réseaux sociaux viennent de tomber. Y compris pour la Belgique. Parcourez et commentez les 3 enseignements que j’en tire !
1. Les Belges ne sont pas du tout fâchés avec les réseaux sociaux
Qui l’eût cru ? Par rapport à l’an dernier, les internautes belges âgés entre 16 et 64 ans passent 5 minutes de plus, chaque jour, sur les réseaux sociaux. Soit 1h36 sur les 5h09 quotidiennes de surf, si l’on en croit les derniers chiffres noirs-jaunes-rouges extraits de l’étude de référence « Digital Overview Report » conduite par We Are Social et Hootsuite.
5 minutes de plus par jour ! Malgré les fonctionnalités de « bien-être » qui se multiplient sur les smartphones et dans les applis et invitent à réduire le temps passé en ligne, voire à se déconnecter. Malgré la conscientisation générale sur les données privées et l’usage qu’en font Facebook et compagnie. Malgré les fuites et les scandales à répétition. Malgré la viralisation des fake news.
Malgré… Malgré… Mais il n’y a pas photo : les 7,5 millions de Belges toujours actifs sur les réseaux sociaux (65% de la population totale), en sont plus accros que jamais.
2. Facebook perd (encore) du terrain, au profit de ses concurrents… et de ses sociétés soeurs
À y regarder de plus près, le paysage belge des réseaux sociaux se modifie sous nos yeux. Facebook, qui était monté jusqu’à 7,5 millions d’utilisateurs actifs en Belgique, régresse. Et je ne suis enfin plus le seul à le dire (dernier relevé personnel à 7,1 millions). D’après GlobalWebIndex, cité dans l’étude, le taux de pénétration du géant créé, présidé et géré par Mark Zuckerberg est passé de 72 à 66% en Belgique.
Et où partent-ils, les Belges déçus de Facebook ?
Sans doute chez Snapchat, l’application créative plagiée comme aucune autre par Facebook ayant étonnamment retrouvé un second souffle, en Belgique également (3,15 millions de comptes, soit 32% des plus de 13 ans), après une année 2018 en fort recul (-9%).
Sans doute aussi sur Pinterest, du moins si l’on en croit le chiffre de 2,9 millions de Belges actifs avancé par l’étude. Un chiffre et une croissance sous-jacente (83% de hausse sur le seul dernier trimestre) qui me laissent néanmoins plus que perplexe.
Sans doute enfin sur TikTok, LE réseau chinois de partage de vidéos dont l’explosion évidente en Belgique, au moins chez les 12-18 ans, n’est malheureusement toujours pas publiquement chiffrée.
C’est tout ? Non. Les déçus de Facebook partent probablement surtout chez… Facebook. Parce qu’Instagram (en Belgique, 37% des plus de 13 ans ont un compte), c’est aussi Facebook… Tout comme WhatsApp et Messenger !
Et c’est d’ailleurs là, à vrai dire, au coeur des messageries instantanées, que se joue le futur des plateformes sociales généralistes. C’est là, dans les conversations privées, dans le « dark social », qu’aura lieu le prochain combat. Entre WhatsApp (par Facebook), Messenger (par Facebook), WeChat (par Facebook), Telegram, Line, Discord, Viber, etc.
3. Qui va Linkedin va sano
Linkedin est en pleine forme. Heureusement pour Microsoft, qui l’a racheté cher et vilain il y a deux ans, le réseau social professionnel, plus ancien encore que Facebook, ne vieillit pas de la même façon. Il bonifie, lui. Y compris en Belgique, où l’étude recense 41% des adultes du pays, contre 39% il y a un an.
Qui va piano va sano ? En tout cas, la plateforme encore trop souvent perçue comme une simple CVthèque géante a l’avantage de dominer sa niche. Sans confusion possible entre vie privée et vie professionnelle, et en reposant sur un modèle économique diversifié (pubs ciblées, services dédiés, abonnements…). Un modèle qui vient encore de générer un chiffre d’affaires annuel en hausse de 24% et un nombre de connexions en progression de 25%. Discrètement. Avec actuellement 3.457.586 Belges à bord. Dont sans doute 40% sont vraiment actifs. Y compris dans la messagerie privée…
Xavier Degraux